Textes et Paroles

Corps et biens
Antoine Jacob

J'y vois que dalle ça pisse sur le pare-brise et la pédale de frein
Déjà cent bornes sur cette nationale la plaine est morne j'ai faim
L'autoradio qui joue une rengaine je l'abandonne au refrain

Elle qui m'attend faut que j'aille plus vite et toujours ce temps de chien
Elle qui m'attend faut que j'aille plus vite et toujours ce temps de chien

Je m'abandonne à de sombres rêveries il y a le sommeil qui vient
Mais c'est Noël les cafés sont fermés je maudis les chrétiens
Dans la pénombre je croise des monstres en ferraille leurs phares m'aveuglent en
plein

Elle qui m'attend faut que j'aille plus vite et toujours ce temps de chien
Elle qui m'attend faut que j'aille plus vite et toujours ce temps de chien


Je vais lui dire que ce n'est plus possible faut en finir et point
Quatre ans que cela dure même lit même appart. Mais je ne suis plus sûr de rien
Une côte tant pis et je double en troisième le camion surgit.putain !

Salut la mort je n'attendais pas là et tu m'as pris corps et biens
Salut la mort je n'attendais pas là et tu m'as pris corps et biens
 

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La mer
les Little Rabbits

La mer va dehors la mer va dedans
Touche le petit poisson qui nage dans la mer
C'est vrai tu sais

La mer c'est bleu et les poissons sont verts
La mer c'est bleu et les poissons sont verts
C'est vrai c'est un fait

Et tout le monde va à la plage parce qu'il est bien joli
Et tout le monde s'amuse bien à la plage

La mer c'est bleu et les poissons sont verts
La mer c'est bleu et les éléphants sont gris
Mais qu'est ce qu'il y a des éléphants ici

Les éléphants ils vont ils vont à la plage
Les éléphants ils vont ils vont dans la mer
Les éléphants ont des vacances comme tout le monde

Les éléphants ils montent dans le bateau
Ca ne marche pas c'est trop petit
Les éléphants tombent dans la mer

Les éléphants ils nagent jusqu'à la plage
Les éléphants ils nagent jusqu'à la plage
Les éléphants ils sont sauvés
 

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Petrouchka
Jérôme Jacob

Tu marches dans le noir ma Petrouchka
Tes cheveux sont trempés tes pieds sont froids
Et pour te réchauffer c'est la vodka
Pour oublier ta peine c'est la vodka
Il n'y a rien de meilleur dans ce monde-là
Tu bois dans samovar litres de vodka
Tu es comme de Dostoïevski la Sonietchka
Mais tu n'as pas ton Raskolnikov à toi
La nuit tu vends ton corps à des bourgeois
Comme une poupée gigogne sous un corps gras
Tu fais l'autruche pour qu'ils ne te salissent pas
Ils baisent et s'en vont sans un mot pour toi
Et tu les hais ceux-là dans leurs datchas
Tous les suce-boules de la nomenklatura
Tu te dis qu'un jour c'est sûr tu les tueras

Ah ah Petrouchka tu iras plus vite que Pégase
Ah ah Petrouchka tu iras plus vite que Pégase

Le communisme tout ça tu n'y crois pas
Tu sais bien qu'il y aura toujours des bourgeois
Et qu'il faudrait faire exploser tout ça
Mais les anars tu ne sais pas pourquoi
Tu les as toujours sentis proches de toi
Alors un jour peut-être ma Petrouchka
Ensemble vous mettrez le feu à ce monde-là
Et vous les zigouillerez tous ces gars-là
Tous ceux qui ont humilié la Petrouchka
Vous leur mettrez profond dans le radada
Alors tu seras belle ma Petrouchka
Le monde appartiendra aux Petrouchkas

Ah ah Petrouchka tu iras plus vite que Pégase
Ah ah Petrouchka tu iras plus vite que Pégase

La poitrine en avant le buste droit
Toute fière tu traverseras la toundra
Et les moujiks te salueront bien bas
Courbés sous un vent qui t'atteindra pas
Avec les hommes tu boiras de la vodka
Mais cette fois ce sera toujours dans la joie
Vous chanterez danserez sur la musika
Et tu fabriqueras des matriochkas
Pour protéger les futures Petrouchkas
Car fatalement tu sais qu'il y en aura
Mais tu es prête à mourir pour ces femmes-là
Ensembles vous chanterez la Markovchnika
Vous vous battrez pour préserver vos droits
Ah ce qu'elles seront belles nos Petrouchka
Le monde appartiendra aux Petrouchkas

Ah ah Petrouchka tu iras plus vite que Pégase
Ah ah Petrouchka tu iras plus vite que Pégase
 

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Vous allez voir ce que vous allez voir
Jacques Prévert

Ils sont à table ils ne mangent pas
Ils ne sont pas dans leur assiette
Et leur assiette se tient toute droite
Verticalement derrière leur tête

Vous allez voir ce que vous allez voir

Une femme nue nage dans la mer
Un homme barbu marche sur l'eau
Où est la merveille des merveilles
Le miracle annoncé plus haut

Vous allez voir ce que vous allez voir
 

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Bye-bye
Jérôme Jacob

Légère contraction faciale gigantesque ouverture buccale
surventilation cavernale libération du noud ventral
aération du sac viscéral cri primal réaction tripale
La vie s'engouffre dans les entrailles expurgeant le mal par rafales

Bâille bâille et les soucis bye-bye
Il n'y a que bâiller qui m'aille
Bâille bâille et les soucis bye-bye
Il n'y a que bâiller qui vaille
Bâille bâille et les.
Bâille bâille et les.
Bâille bâille et les soucis bye-bye

De la joie dans le monde pulmonal sans passer par cloisons nasales
Léger frisson des cervicales un drôle de bruit comme le mistral
C'est la soupape d'admission et c'est l'agréable impression
D'en finir avec l'oppression les coincements et les compressions

Ca chasse la toux et le hoquet ça tire la chasse tout est ok
Ventilation de tout le paquet libération tout au taquet
Pour clore une soirée amicale il n'y a rien de tel c'est convivial
On se les renvoie comme des baballes c'est contagieux mais il n'y a pas de mal

Bien sûr il y a ces tristes sires qui ne voient que dans le bâillement
L'invitation à s'endormir alors bonjour le ronflement
Mais moi je ne suis pas responsable de l'état de leurs cloisons nasales
Je leur donne à tous ce conseil amical  dormez en position ventrale

 

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Qui a parlé d'aliénation ?
Jérôme Jacob

Lundi matin, réveil grognon, angoisse, appréhension à l'idée de passer une
journée à la con. Séjour aux chiottes pour une première miction et les
matinales ablutions, café, tartine, journal, transport avec le commun des cons,
et puis c'est le boulot, la soumission, l'asservissement par la fonction.

Midi, bouffe avec les collègues et de navrantes discussions : ça cause bagnoles,
jardinage et gros nichons. Et puis c'est café-clope, destination défécation.
L'après-midi, le temps paraît toujours plus long : chaleur, sommeil, intense
sudation, ah si seulement il y avait la climatisation.

Cinq heures, récréation : « patron, un demi pour désaltération ! », j'aurais
aimé être vendredi pour me reprendre une petite pression, mais ce soir, pas
question : l'alcool doit être une fête, pas une obligation. Retour en bus,
supermarché Champion et les chaussons dans la maison, c'est l'heure de la
télévision. D'abord des jeux, et les informations et puis, c'est la
consternation : encore un film avec Charles Bronson.

Deux heures plus tard, la rémission, la fatigue l'emporte comme le veut la
tradition, et l'on quitte ses chaussons. Dernier pipi, au lit pour une rapide
masturbation, sans joie c'est l 'éjaculation, puis l'attente du sommeil, de la
libération.

Dernier pipi, au lit pour une rapide masturbation, sans joie c'est
l'éjaculation, puis l'attente du sommeil, de la libération. Qui a parlé
d'aliénation ? Qui a parlé d'aliénation ?
 

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Y'a plus de clergé
Jérôme Jacob

Il y a dans ma paroisse un vieux curé plutôt luron
Le soir dans les bars il picole jusqu'à ce qu'il soit rond
Il joue même aux fléchettes sur la statue en bois du christ
Au moins lui on ne peut pas le soupçonner d'être intégriste

Y'a plus de clergé.Y'a plus de clergé.
Y'a plus de clergé.Y'a plus de clergé.

Sur le pas de la porte Madame Michu m'aborde l'air entendu
Pour m'annoncer que le voisin du dessus il est cocu
Moi je lui ai dit Madame Michu je vous jure que ce n'est pas moi
Dans un soupir elle m'a confié que c'était l'homme de foi

Un beau matin ce fut l'affolement dans la paroisse
Quelqu'un avait pillé les troncs c'était vraiment l'angoisse
On sut plus tard que c'était le curé le plus fun de France
Qui fit coup double en s'adjugeant la prime d'assurance

Mais l'église toute puissante mit fin aux frasques du curé
Par souci de l'ordre moral on l'a excommunié
L'élu de dieu qui le remplace a l'air bien plus austère
Mais qui sait à quels vices il s'adonne dans son presbytère
 

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Angélique le moustique
Jérôme Jacob avec l'aide de Frédérique Ehrmann

On l'appelle Angélique le petit personnage
Qui finissait en nage au bras de Monsieur Hic

On l'appelle Angélique elle faisait pas son age
Et pissait dans sa cage d'un jet acousmatique

Dans le taxi théâtre Monsieur Hic s'excita
D'un geste maladroit Angélique le piqua

Le sang d'un comédien c'est plutôt bon ça tiens
Angélique en esthète de ce met se délecte

Et elle se met en tête de pomper tout Virgile
De vider de son sang la prose du vieux sénile

Même Ulysse se souvient de ce sombre destin
Écrasé par les mains d'un con de comédien

C'est toute ratatinée que finit Angélique
Un personnage clé du théâtre classique

Au cimetière des histoires vous irez la voir
Angélique se piquait d'être fort bien dardée
 

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Concombres entiers
Jérôme Jacob

Il y a la neige qui crisse les godasses qui glissent
Il y a le corps qui grelotte et les poils du nez qui picotent
Il y a une bouteille de Campari qui est rouge comme le rubis
Il y a la couleur de mon objet qui tire sur le violet

Il y a les secousses les sens qui se trémoussent
Il y a la dentelle qui mousse et ma pauvre raison qui dit pouce
Il y a un corps tout chaud comme un escargot
Et mon coeur d'artichaut qui danse le pogo

Il y des concombres entiers qu'on dévore comme des baisers
Goulus à bouche que veux-tu jusqu'à ce qu'on en puisse plus

Il y a des envies de faire des fêtes à tout casser
Il y a la vie qui n'est pas si rose et c'est pour ça qu'il faut qu'on ose
Il y a des petites fleurs des neiges qui font fondre les glaces
Et font la nique aux idées noires pour mettre l'amour à la place

Il y a des lapins coquins qui aiment les câlins
Il y a des lapones friponnes qui aiment quand on déconne
Qu'on joue qu'on déraisonne et puis qu'on se déboutonne
Qu'ensemble on s'abandonne et que du plaisir on se donne

Il y des concombres entiers qu'on dévore comme des baisers
Goulus à bouche que veux-tu jusqu'à ce qu'on en puisse plus

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La grosse à lunettes
Jérôme Jacob

Je l'ai rencontré dans les toilettes
Et on a fait un brin de causette
Elle m'a dit qu'elle s'appelait Josette
J'étais fasciné par ses couettes
Elle doit peser plus du quintal
Mais moi je l'aime et c'est le principal

Je suis amoureux d'une grosse à lunette
Je l'ai rencontré au fond des toilettes
Fou d'amour pour un tas de saindoux
Ce qui prouve bien que je n'ai aucun goût

De jolies filles me courent après
Mais elles n'ont pas les mêmes attraits
Son corps tout mou et tout gluant
Me donne des frissons dans les dents
Cent kilogrammes de sensualité
Voilà ce qu'il faut pour me faire bander

Parfois je me dis que je me détruis
En vivant avec cette truie
Avec les potes je lui la risée
Tant est si bien que je suis tenté
Tenté de la laisser tomber
Mais je n'ai jamais pu m'y résigner
 

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Valse mineure
Jérôme Jacob avec l'aide de Pops

Ecoutez braves gens cette valse mineure
C'est l'histoire de Jean un tourneur-fraiseur
Un beau matin d'octobre il fut renvoyé
Par le contremaître il s'était syndiqué
Il a dilapidé tous ses derniers deniers
Au bistrot d'à côté il est rentré bourré
Ses six enfants pleuraient et sa femme l'a viré
C'est sans un sou en poche que Jean a fait la cloche

Fini les folles virées avec la Ginette
Qu'il emmenait guincher dans les petites guinguettes
Et finies les belotes avec les bons copains
La serveuse que l'on pelote et le blanc petit vin
On peut maintenant le trouver dans les bas-fonds de Paname
Le pauvre homme a perdu plus de trente kilogrammes
Il fait l'aumône aux dames de petite vertu
Mais un jour un julot lui tombera dessus

Jeunes gens insouciants vous qui m'écoutez
Prenez du bon temps il faut en profiter
Mais faites bien attention à votre liberté
Car l'histoire de Jean pourrait vous arriver

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